Torcy - Marne-la-Vallée
En 1969 Reykjavik traverse une crise économique. Je décide de retourner à Paris et y trouve une société bouillonnante depuis les évènements de 1968 et une économie en pleine croissance. Je travaille chez des architectes passionnants. D’abord chez l’americain Paul Nelson, parisien rieur mais rigoureux, puis à l’atelier de Montrouge où se cultivait la passion d’un urbanisme nouveau. Renaudie démarrait son quartier d’Ivry et l’ébauche des villes nouvelles parisiennes sortait des cartons. Högna, cette merveilleuse architecte, parisienne islandaise, m’a proposé de travailler sur la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, dont les études du premier quartier allait démarrer.

J’ai ainsi fait connaissance de Michel Ducharme avec lequel j’allai travailler pendant de longues années. On lui avait confié ce projet et il cherchait un architecte qui pourrait diriger les études d’architecture avec l’urbaniste Michel Macary, qui plus tard a concu le Stade de France. Ducharme avait une biographie intéressante. Venu d’une famille d'artisans dans une ville de province, il avait peu de chance de réussir une carrière en France. Il partit donc en Afrique, à Dakar puis à la Côte d’Ivoire et y réalisa de beaux travaux avant de regagner la France dix ans plus tard, fort d’une réputation d’habile architecte. Ce premier quartier de Marne-la-Vallée était alors loin de Paris, le RER n’étant pas encore construit. Torcy était presque un village, hormis son inévitable barre d’HLM. L’établissement public était à côté et le tout dans le paysage ondulant d’Ile-de-France.

Nous étions tous d’accord sur les grandes lignes : mille logements, des écoles et un petit centre de commerces et de services. Ne construisons plus jamais ces tours et ces barres qui étaient synonymes d’habitat depuis un quart de siecle.
Mélangeons les populations et créons une grande variété de logements destinés à toutes les couches sociales. Concevons plusieurs types de logements autour d’un petit centre qui regrouperait équipements et activités.
Ce projet donna lieu aux premières ébauches d’un emploi de couleurs en facades, inspiré des études de Bernard Lassus.